La Dre Wendy Norman, la chercheuse à l'origine de la gratuité de la contraception en Colombie-Britannique

Pour 19 000 $, vous pourriez acheter une voiture d'occasion fiable, planifier un mariage, payer une part substantielle de droits de scolarité universitaires, vous offrir un voyage incroyable ou… si vous êtes une femme au Canada, 19 000 $ pourraient servir à payer votre contraception pendant toute votre vie.

Or, pour les femmes en Colombie-Britannique, ce choix de dépense ne se pose plus depuis 2023. Grâce aux efforts de recherche de la Dre Wendy Norman, cette province est la première au Canada à rendre gratuite la contraception sous ordonnance.

« En tant que médecin de famille, il m'est apparu évident que les cas de grossesse non désirée avaient un principal facteur commun : le coût élevé des méthodes les plus efficaces et discrètes pour prévenir les grossesses », explique la Dre Norman, directrice du Groupe de recherche sur l'avortement et la contraception de l'Université de la Colombie-Britannique, qui a eu l'inspiration de devenir chercheuse et de militer pour le changement. Elle a découvert que, en plus de rendre la contraception plus accessible, la prise en charge des frais par la province serait plus économique que le coût de la gestion des grossesses non désirées, permettant une économie de 27 millions de dollars par année.

Les résultats ont été immédiats. En une année, le recours aux méthodes contraceptives réversibles de longue durée comme le stérilet ou l'implant a bondi de 50 %.

Les effets des travaux de la Dre Norman sur les politiques en matière de santé reproductive ne s'arrêtent pas là. En 2017, la pilule abortive, la mifépristone, a été rendue disponible au Canada. Toutefois, c'était au départ censé être d'un usage très restreint, où seuls les médecins auraient été autorisés à en délivrer, et uniquement à la suite d'une formation approfondie. « Il était évident que seuls les fournisseurs de soins qui offraient déjà des avortements chirurgicaux allaient offrir ce nouveau médicament », dit la Dre Norman. Cela aurait donc signifié que cette pilule n'aurait pas permis de résoudre les problèmes d'accès à l'avortement au Canada.

Alors, la Dre Norman a entrepris un mouvement pour que la pilule abortive soit dorénavant délivrée sous ordonnance standard au Canada. « La clé d'un meilleur accès à l'avortement se trouve juste ici, affirme-t-elle. Tout ce qu'il faut faire est d'en autoriser la distribution sous une ordonnance régulière, délivrée par les pharmaciens. »

Dans l'année de l'autorisation de la mifépristone au pays, presque toutes les restrictions ont été levées, faisant du Canada le premier pays au monde à traiter ce médicament comme tout autre médicament d'ordonnance.

Depuis, le nombre de fournisseurs qui offrent des services d'avortement au pays a plus que triplé. Dans les régions rurales, on note une augmentation de presque 20 fois.

La Dre Norman attribue ce succès à la collaboration. « En tant que chercheurs, nous sommes des facilitateurs de confiance, explique-t-elle. Nous rassemblons les responsables des politiques, les cliniciens et les défenseurs des droits des patients; des acteurs qui, autrement, ne se retrouveraient peut-être jamais à la même table. »

En bref

L’enjeu

Au Canada, 40 % des grossesses ne sont pas planifiées. Des obstacles comme le coût de la contraception et un accès difficile à l’avortement nuisent à la capacité des personnes d’espacer et de planifier leurs grossesses.

La recherche

La Dre Wendy Norman a pris les rênes pour rendre gratuite la contraception sous ordonnance en Colombie-Britannique et élargir l’accès à la pilule abortive au Canada.

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